Beyond. Assurance et Covid-19 : Gradatim ferociter !

Le 13 avril 2020, le Président de la République, au cours d’une allocation télévisée, souligne le rôle des institutions financières dans la crise. Il spécifie que « les assurances doivent être au rendez-vous de cette mobilisation économique. J’y serai attentif. »

Déjà le 8 avril, le Ministre de l’Economie, explicitait cette attente :

Je suis certain que les assureurs auront à cœur de rejoindre ce mouvement de solidarité (…). Ils doivent et peuvent faire mieux.

(c’est-à-dire, que le versement de 400 M€ au Fond de Solidarité en faveur des entreprises).

Ces prises de parole illustrent l’injonction paradoxale que la société politique, économique et civile soumet aux assureurs en ces temps de crise aiguë. Comment peuvent-ils réagir au mieux, dans une période inédite, au-delà de leurs modèles d’affaires intrinsèques et historiques (à savoir protéger des personnes morales ou physiques face à un risque aléatoire, dans un cadre contractuel et financier défini), alors que la crise sanitaire et économique est systémique, c’est-à-dire globale, avec un impact financier bien au-delà de la capacité d’une profession perçue comme « solide » ?

Nous sommes ici bien loin des couvertures de risques classiques, des modèles actuariels établis et des provisions techniques construites dans le temps. La crise actuelle n’a rien de commun, par exemple, avec les catastrophes naturelles, même les plus significatives, comme les tempêtes de 1999 (Lothar et Martin), dont le coût a été estimé à plus de 7 milliards d’euros.

Les assureurs se voient contraints d’apporter des réponses à la hauteur des enjeux, financiers et sociétaux. Ces réponses devront être non seulement d’ordre global, à l’échelle de la profession, spécifiques, en fonction des branches, et particulières, en lien avec l’ADN de chaque acteur. Elles devront bien entendu préserver la solvabilité de la profession sur le long terme et la pérennité de l’emploi (220 000 salariés, dont 150 000 dans les entreprises d’assurance, selon la Fédération Française de l’Assurance (FFA)).

Le réflexe initial du secteur a été homogène : préserver la santé de leurs salariés tout en maintenant a maxima leurs opérations au service des assurés. Avec le développement de la crise, leurs prises de parole et réactions respectives se sont révélées plus spécifiques et témoignent de la diversité des situations concurrentielles et des modèles d’affaires.

Si d’aucuns s’accordent à dire que le « monde d’après Covid-19 » sera « différent », les évolutions nécessaires pour s’y développer sont encore à spécifier. Pour les assureurs, il conviendra d’acquérir une compréhension dynamique des conséquences d’une crise non-finie dans sa durée et sa profondeur. En parallèle et en continu, d’adapter, de reprioriser et d’accélérer leurs transformations. L’étendue de cet effort est vaste : il va notamment des couvertures et services proposés, à la distribution et la gestion, en passant par des refontes techniques et capitalistiques. Agilité des organisations et expérience client seront plus que jamais structurantes dans ce « monde de l’après ».

Le tout, pas à pas, avec audace. Gradatim ferociter

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