La finance de marché face à la crise sanitaire

La crise sanitaire du coronavirus que nous traversons depuis plusieurs mois aura probablement fait émerger l’idée d’un « après » qui consacrera un éveil global des consciences envers notre environnement et l’émergence d’un nouveau paradigme mondial. Et pour cause. Le mot « crise » en chinois n’est-il pas composé des deux idéogrammes : le danger et l’opportunité ?

S’il est vrai que les épisodes pandémiques ne sont pas nouveaux, la situation en 2020 est inédite. En effet, même en temps de guerre, jamais la moitié de l’activité planétaire n’avait été mise sur pause. Situation inédite aussi parce qu’au sein des pays de l’OCDE, le concept même de « crise sanitaire » s’apparentait davantage à un oxymore qu’à un risque réel. Plus souvent, dans le passé, on a parlé de crise économique ou de crise financière, en écho à d’autres termes tout autant usités : « subprimes », spéculation, titrisation.

La finance n’a pas souvent eu bonne presse ces dernières années, accusée de participer à la spirale de l’endettement, d’être déconnectée de la réalité, à la recherche de rendement jusqu’à la survenance du prochain krach.

Aujourd’hui, par le caractère globalisé des économies, l’effet de contagion se répand aussi vite qu’une traînée de poudre : une chute de 30% sur les marchés du G20 pour le seul mois de mars.

Tous les signaux macroéconomiques sont au rouge. Selon l’OFCE, les huit semaines de confinement en France ont provoqué une baisse de 11% de PIB sur l’année. « C’est unique dans l’histoire budgétaire » souligne le président du Haut Conseil des finances publiques, Pierre Moscovici, le 10 juin dernier en évoquant la facture de 134 Milliards d’Euros, pour entreprendre le sauvetage des entreprises et soutenir les ménages.

Les indices boursiers ont très vite repris des couleurs. Le CAC40 a été marqué par une hausse de 39% en 13 semaines (sur la période du 19 mars au 5 juin 2020).

Au-delà de la forme graphique de la reprise des marchés, en V (rebond gigantesque à l’image du Nasdaq) ou en U (reprise modérée), en W pour la majorité des analystes ou L pour les plus pessimistes, la reprise ne sera-t-elle pas vraisemblablement plutôt en “ESG” : Environnement -Social – Gouvernance ?

Face à une récession qui n’est plus une menace mais une réalité inéluctable, la finance de marché pourrait avoir cette fois un rôle positif à jouer : ne serait-elle pas capable d’accélérer la sortie de crise économique et la transition vers une économie « responsable » ?

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