La banque dans le futur monde des paiements !

Aujourd’hui, il existe deux mondes dans l’univers des paiements qui entreront bientôt en collision: celui des banques traditionnelles et celui des Etablissement de Paiement (EP) portés par les Fintechs ou les Néo-banques.

Depuis plusieurs années, l’essor des technologies financières a transformé le monde des paiements, un monde que la banque a délaissé aux profits de ces acteurs entrant sur ces marchés. De nouvelles façons de payer, une démocratisation des paiements en ligne, des méthodes plus sécurisées, des personnalisations, création et gestion de compte à portée de main en quelques clics … toutes ces innovations poussent aujourd’hui l’univers des paiements vers une ouverture bancaire, c’est-à-dire un système où l’accès aux données des tiers et les processus internes des clients passent par des canaux ou solutions numériques. Nombreux sont les processus de paiements qui sont maintenant gérés par ces nouveaux acteurs EP, dont leur place concurrence de plus en plus celle des banques traditionnelles.

Sur le long terme, l’objectif de ces Etablissements de Paiement, est de se substituer aux instances bancaires et devenir indépendantes pour permettre aux clients de bénéficier d’un système de paiement plus simple, plus évolué et destiné à conserver leurs intérêts. Cependant, ces acteurs sont encore loin de pouvoir devenir des acteurs bancaires, les autorisations sont difficiles à obtenir, les états européens ne sont pas tous en accord avec cette ouverture bancaire. Cette situation oblige les banques à réagir, et trois stratégies s’offrent à elles :

La première, viserait à investir et racheter les Fintechs et ou les Neo-Banques les plus prometteuses et influentes afin de se positionner sur ce marché du futur : Natixis et CA-CP en sont des très bons exemples.

La seconde, viserait à accepter cette nouvelle concurrence, et de se maintenir comme composante indispensable de la banque de demain en tant que moyen de stocker et gérer de l’argent sans jamais être en contact direct avec le client.

La troisième, viserait à acquérir le marché de paiement en « filialisant » les paiements dans une structure ad-hoc permettant ainsi de se maintenir comme composante indispensable de la banque de demain.

C’est dans ce dernier cas, qu’il serait intéressant d’établir le futur modèle de plateforme de paiement qui prendrait en compte les nouveaux usages, les nouvelles places et qui s’adapterait aussi aux services bancaires traditionnels. Mais pour savoir à quoi ressemblerait le modèle de la plateforme de demain, il faut comprendre le fonctionnement actuel, les législations et les règlementations liées à la création et la gestion d’une plateforme de paiement. Mais surtout il faut analyser comment les solutions de paiement fournies par les établissements de paiement, fonctionnent de concert avec les banques traditionnelles, car ce sont ces solutions qui sont les plus proches des modèles de demain.

Pour obtenir une plateforme de paiement fonctionnelle où le client utiliserait les instances bancaires traditionnelles, il serait indispensable d’intégrer et regrouper les outils utilisés par les établissements de paiement. Pour ce faire la banque doit construire un socle opérationnel constitué de :

  • Une plateforme technologique interne adossée aux solutions de paiement B-to-B externes pour proposer un ensemble de moyens de paiement, tels que l’Instant Paiement, les Cartes de débits/ crédit, les E-wallets,
  • Une couche d’API afin de connecter les tiers,
  • Une infrastructure et des processus de conformité KYC (know your customer) et KYB (know your business),
  • Une License d’Etablissement de Paiement, pour pouvoir déployer l’offre de paiement directement auprès des clients,
  • Une base de clients CRM enrichie par la distribution bancaire existante,

L’attrait de cette plateforme sera de proposer aux clients plus de flexibilité, d’options, de transparence et de simplicité dans l’utilisation des moyens de paiement et services associées, le tout en réduisant le nombre d’intermédiaires entre le client et son argent. Ce modèle aurait également l’avantage de permettre aux Banques d’accéder à des données véhiculées par les flux de paiement, bien plus riches et porteuses de valeur.

En intégrant ces éléments, les banques pourraient s’approprier les paiements pour devenir les futurs acteurs majeurs nationaux ou européens. Certains sont en train d’adopter cette stratégie: CA-PS, Transactis, Natixis en sont des bons exemples.

Maintenant que nous savons quelles caractéristiques sont nécessaires à la filialisation des paiements, nous pouvons nous intéresser au détail des moyens qu’il faudrait assembler afin de former une plateforme plus étoffée que celle que nous venons de mentionner.

Cette plateforme sera composée de différentes applications et API en commençant par le socle, une structure de base paiement à laquelle les utilisateurs auront accès pouvant facilement paramétrer leurs options. Les utilisateurs seront également directement connectés à une fonction unique de paiement, pour configurer et gérer leur carte, portemonnaie électronique, plafond de dépenses, la devise de paiement, ainsi que différents outils d’analyse de leur compte et dépenses. L’ensemble de l’offre de paiement bancaire sera basé sur des nouvelles solutions de paiement innovantes, d’échanges d’actifs, de financement étique, de certifications GREEN, de transfert d’argent ou de conversion de monnaie et de paiement en monnaie locale. Avec la nouvelle plateforme de paiement, les banques pourront continuer à gagner des clients et des flux et d’intégrer de nouvelles Fintechs à leur fonctionnement.

En conclusion, le positionnement de la banque dans le futur monde des paiements serait celui d’un service ouvert et direct où la Banque continuera d’être un acteur important, créant ainsi un système presque universel pour les clients qui à partir d’une simple application pourront décider comment gérer leur argent, choisir les écosystèmes associés et effectuer leurs paiements.

Auteur : Corina Fontaine

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