Vers un avenir plus durable : les enjeux de la durabilité

Le World Impact Summit 2024, s’est tenu à Bordeaux les 7 et 8 mars. Il a réuni experts et décideurs autour de la résilience des territoires, du numérique responsable et de l’économie écologique. Cet événement a souligné l’importance de l’innovation et de la collaboration intersectorielle pour un avenir plus vert, avec une attention particulière portée aux défis de demain. 

Outre la possibilité de rencontrer de nombreux acteurs qui cherchent et œuvrent à créer toujours plus d’impacts dans nos écosystèmes, le WIS est aussi un moment privilégié pour échanger et réfléchir autour de grandes thématiques. Anais Gaillard, Agathe Dufour, Charlotte Baradat, Domitile Millot et Jean-Pierre Eschenbrenner reviennent sur les moments forts de cet événement.

Résilience et adaptation : les villes face aux défis de demain 

La conférence « Résilience et adaptation, le nouveau défi des villes » a réuni des experts de haut niveau pour explorer les enjeux critiques de la résilience urbaine et de l’adaptation des villes aux défis croissants.  

L’objectif ZAN (Zéro Artificialisation Nette) d’ici 2050 était au cœur des discussions.Sylvain Waserman, président de l’ADEME, a souligné l’importance de préserver le foncier agricole et de réhabiliter les 100 à 150 00 hectares friches françaises. Christophe Najdovski, adjoint à la Maire de Paris, a mis en avant la nécessité de végétaliser la ville et de la rendre plus accessible aux citoyens. Isabelle Spiegel, membre du comité exécutif de VINCI, a quant à elle présenté l’ambition du groupe d’atteindre le ZAN d’ici 2030, en s’appuyant sur le « recyclage urbain » comme la réutilisation du foncier des friches disponibles.  

Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole, a insisté sur la nécessité de repenser le modèle de développement urbain. Il a appelé à une « pédagogie » et à un « saut qualitatif dans l’imaginaire des gens » pour faire accepter la densification (construction en hauteur) et la végétalisation des bâtiments et de la ville.  

La gestion de l’eau était un autre sujet majeur de la conférence. Aude Witten, directrice générale adjointe de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, a appelé à une utilisation plus responsable de l’eau et à la mise en place de solutions innovantes. Elle affirme que 300 hectares d’arbres plantés c’est gagner 1 degré et qu’une tarification saisonnière est peut-être un nouveau levier de facturation pour une meilleure prise de conscience.  La ville de Toulouse a présenté ses initiatives pour réduire sa consommation d’eau en doublant les crédits permettant l’entretien du réseau de façon à vaincre le phénomène de fuite dans la ville. La réhabilitation de l’île du Ramier en « poumon vert » est également une initiative de la municipalité impliquant la plantation d’environ 10000 arbres sur la berge.  

VINCI a également présenté ses solutions pour contribuer à la résilience des villes, notamment en matière de rafraîchissement urbain, de captage du carbone et de gestion de l’eau. La conférence a permis de mettre en lumière l’importance de la collaboration entre les acteurs publics et privés pour construire des villes plus résilientes et plus durables. 

Trouver l’équilibre pour un numérique durable  

Aujourd’hui, le nombre d’équipements numérique explose (environs 11 appareils numériques par personne). Cela engendre un coût et une pression environnementale. Heureusement l’évolution et le progrès est au cœur de ces sujets. Tout d’abord, sensibiliser les gens à leur consommation d’appareils numérique et avoir conscience de l’impact carbone que cela engendre. Nous pouvons allonger la durée de vie de nos appareils numériques afin de ralentir la production de nouveaux appareils. Il est aussi possible de donner ses anciens appareils à des associations qui les reconditionnent pour l’inclusion numérique (13 millions de personnes ont encore un accès limité au numérique).   

Coté Data center des solutions sont également possibles pour économiser l’énergie et la chaleur qui en ressort. Par exemple chauffer les appartements, ou piscine municipale proche du data center avec la chaleur récupérée.  Le numérique peut aussi être positif pour l’environnement, en anticipant les risques, ou en apportant des solutions environnementales.  Le tout est de changer notre consommation et notre façon d’utiliser le numérique pour que celui-ci devienne durable.   

L’économie au service de la transition écologique  

La dette climatique est inestimable et ne pourra jamais être diminuée. Il faut maintenant la limiter et construire un modèle de transitions et de changements. Pour cela, il faut convaincre les entreprises d’aller vers un modèle plus écologique et réussir à inverser les idées pour rendre leurs efforts plus intéressants. Avoir une transition écologique a un coût qui peu démotiver les entreprises.  Il est donc nécessaire de rendre ce coût rentable et en faciliter le financement. C’est pourquoi, faciliter les emprunts pour ces projets sera un élément clé, car la dette monétaire ne présente aucun risque comparé à la dette climatique.   

L’approche du WWF : quelles actions des PME et ETI pour réduire leur impact environnemental ?

Le WWF a fondé le club « Entreprendre pour la Planète », ouvert aux PME et ETI pour les aider à réduire leur impact environnemental. L’ONG estime que si les entreprises font partie du problème, elles sont aussi un levier de changement et cherche ainsi à les aider dans leur transition écologique.  Le club, qui se définit comme un Do Tank, compte à ce jour une dizaine d’acteurs français de tous secteurs confondus, dont Atos, Dior et GRDF, ou encore Ethic Drinks et Immo construction, des entreprises girondines, qui nous ont fait part de leur expérience lors du WIS.  Les PME et ETI membres du club se réunissent à Paris 2 à 3 fois par an pour travailler collectivement à la mise en place d’actions concrètes et partager leurs retours d’expérience. Elles bénéficient de l’expertise et de la visibilité du WWF. Une thématique annuelle est abordée en profondeur et aboutit à la publication d’un livre blanc.  

Pour éviter toute démarche, volontaire ou non, de greenwashing, le board du club demande aux futurs membres de montrer patte blanche : avoir des valeurs en adéquation avec le WWF, exposer les actions engagées (par exemple, avoir commencé un bilan carbone) et soutenir l’un des programmes du WWF en fonction de leur chiffre d’affaires. Ces programmes favorisent la protection des milieux naturels, comme les forêts ou les étangs, mais aussi des espèces animales menacées telles que les tigres sauvages. 

Témoignage de femmes autochtones engagées 

En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la conférence de lancement de cette seconde journée du WIS a été marquée par des témoignages poignants de deux femmes autochtones déterminées : Hindou Oumarou Ibrahim et Watatakalu Yawalapiti. Leurs récits captivants ont mis en lumière l’engagement indéfectible des femmes autochtones dans la préservation de la nature et la lutte pour les droits autochtones.   

Watatakalu Yawalapiti, militante indigène brésilienne, incarne la résilience et la détermination. Issue du peuple Xingu, elle a bravé les obstacles et est devenue la première femme à s’élever dans un environnement traditionnellement masculin. Son combat pour la protection des forêts autochtones est profondément enraciné dans son histoire personnelle et culturelle. Ayant échappé à un mariage forcé à l’âge de 15 ans, elle a depuis consacré sa vie à défendre sa communauté et son environnement. Dans l’impossibilité d’être présente physiquement, elle a envoyé une vidéo dans laquelle elle explique que le combat pour la préservation des forêts est essentiel pour les autochtones mais est aussi la responsabilité chacun à être acteur.  

Hindou Oumarou Ibrahim, géographe et militante, pour sa part, offre une perspective unique sur le lien étroit entre les peuples autochtones et la préservation de la nature. Son témoignage éclaire sur le rôle crucial des tribus autochtones, qui, bien que ne représentant que 6,2% de la population mondiale, protègent 80% de l’écosystème. Pour cette militante, il est essentiel que les décideurs consultent et impliquent les peuples autochtones dans leurs politiques environnementales pour garantir leur efficacité à long terme.  Elle souligne également une perspective temporelle différente dans la prise de décision politique, mettant en avant le principe des peuples autochtones de choisir des dirigeants pour des générations à venir, et non pas seulement pour des mandats de quelques années.  

Les témoignages de Watatakalu Yawalapiti et Hindou Oumarou Ibrahim révèlent la puissance des voix féminines autochtones dans la défense de la nature et des droits autochtones. Leur courage, leur détermination et leur engagement sont des sources d’inspiration pour tous ceux qui luttent pour un avenir plus juste et durable.  

À travers leurs luttes et leurs réussites, ces femmes autochtones nous rappellent l’importance vitale de reconnaître et de soutenir les voix marginalisées dans la construction d’un monde meilleur pour tous. Que leurs histoires continuent de résonner et d’inspirer des actions concrètes pour la préservation de notre planète et la promotion de la justice sociale.  

 

La présence de tous ces acteurs mobilisés dans la transition écologique, démontre une vraie volonté d’avancer et d’agir face aux gigantesques enjeux auxquels les Sociétés vont être confrontées. En tant qu’architectes des grandes transformations, nous sommes conscients de notre rôle et continuerons avec la responsabilité qui nous incombe d’accompagner nos clients dans leur transition.